ANNE BISSON: PARFUM DE JAZZ

MSI : Pourriez-vous nous présenter votre parcours comme musicienne, chanteuse et auteure-compositrice ?

AB : J’ai commencé à étudier le piano classique à l’âge de 6 ans… au Collège Notre-Dame de L’Assomption à Nicolet. À la fin de mon secondaire, j’ai pris la décision de poursuivre mes études en musique, d’abord au cégep Saint-Laurent puis à l’Université de Montréal, toujours en piano classique. Cependant, un soir où je pratiquais dans un local adjacent au Big Band de l’UdM, j’ai été littéralement envoûtée par les sonorités puissantes et si différentes de tous ces accords de jazz que je ne connaissais pas sur mon piano. C’est à ce moment que j’ai décidé de joindre les rangs du Big Band et aussi de me mettre au jazz plus « sérieusement ». Mes premières compositions sont apparues très tôt dans ma vie cependant… Dès l’âge de 11 ans, j’ai senti le besoin d’écrire… et je n’ai jamais arrêté depuis ! Mes études en chant se sont échelonnées sur 20 ans, avec comme aboutissement l’obtention d’un deuxième baccalauréat en chant classique de l’Université de Montréal (2004). Mais comme j’aime apprendre, je suis continuellement en état d’apprentissage autant côté chant que piano. Je me rends régulièrement à Toronto pour étudier avec une grande chanteuse pop, Lorraine Lawson. Elle m’aide perfectionner ma voix et mon anglais ! MSI : Vous avez été aussi animatrice à la télévision. Quel a été pour vous l’apport de cette expérience ? AB : Ce fut une expérience très enrichissante, autant du point de vue humain que de points de vue de ma carrière multidisciplinaire de l’époque ! Car toutes ces émissions que j’ai dans le corps aujourd’hui doivent sûrement contribuer à améliorer mon aisance sur scène… J’ai toujours aimé faire de la télévision, surtout devant public. J’aime bien la réaction des gens et je suis une passionnée de communication. C’est donc avec plaisir que je renoue avec ce public qui m’est toujours fidèle encore aujourd’hui et que j’ai la chance de rencontrer lors de mes spectacles de jazz au Québec.

MSI : Vous avez réalisé en 2009 votre premier album, Blue Mind, avec la complicité de deux grands noms du jazz d’ici Normand Guilbeault à la contrebasse et Paul Brochu à la batterie. Parlez-nous de ce premier opus.

AB : En fait, c’était mon deuxième… Car j’ai fait un album de chansons en français en 1993… Puis, les enfants sont arrivés… Petite pause… Et donc en 2007, après mon Bacc en chant classique ( 2004), j’ai décidé de refaire à nouveau de la musique, et j’ai donc téléphoné à Guy St-Onge qui m’a reçu à bras ouvert dans son magnifique studio de qualité audiophile de St-Calixte. Après avoir écouté mes chansons, Guy m’a suggéré de faire un album en trio, avec deux des plus grands musiciens de jazz d’ici… J’étais pas mal impressionnée et intimidée je dois dire, mais le matin de l’enregistrement de Blue Mind, Guy a su me rassurer, et me faire confiance et les musiciens ont été étonnés et ravi je crois de découvrir mes chansons. Ils ont joué avec une grande générosité et en seulement deux jours, Blue Mind était enregistré ! ( 22-23 juillet 2008)

MSI : Vous récidivez cette année avec un nouvel album Portraits & Perfumes. Quelle orientation avez-vous souhaité donner à ce disque ?

AB : Je suis d’abord allée à Toronto rencontrer mon ami et mentor Wesley Hayden, de Universal Music qui m’a suggéré fortement de faire des reprises, un passage obligé dans le grand monde du jazz ! J’ai accepté me disant que ça serait pour moi un beau défi! J’ai évidemment décidé de retravailler avec Guy St-Onge, car l’expérience de Blue Mind, bien que très intense, mais très courte aussi nous avait laissé tous deux sur notre appétit… Guy savait ce qu’il voulait faire avec moi, et je me suis laissé guider par son génie créateur… De mon côté, j’ai plongé à fond dans l’aventure avec beaucoup de folie et de bonheur aussi ! Je crois que les gens le sentiront particulièrement sur cet album.

MSI : Ce nouvel album comprend, entre autres, une reprise originale de la pièce « Us and Them» de Pink Floyd. Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cet extrait ?

AB : Pour l’album Portraits & Perfumes, j’ai eu la chance à nouveau de bénéficier de l’immense support de mon ami et commanditaire Jean Poulin de Simaudio (Moon). Il était donc tout naturel pour moi de lui demander s’il y avait une pièce en particulier qu’il aimerait entendre sur ce disque. Us and Them faisait partie de ses choix… J’avoue qu’au départ j’étais un peu sceptique, mais quand Guy m’a fait écouter l’arrangement, je l’ai regardé et je lui ai dit : « C’est complètement génial ! Wow! Quelle belle audace, quel voyage musical et quel plein d’émotions !

MSI : Vous êtes de nouveau invitée au Festival International de Jazz de Montréal cette fois dans la série de concerts Planète Jazz à la salle Savoy du Métropolis. Quel sera le programme musical du trio Anne Bisson auquel les spectateurs seront conviés ?

AB : J’y interpréterai des pièces de Blue Mind et de mon nouvel album, ainsi que quelques reprises du American Songbook comme « I’ve got you under my skin » et « Black Coffee ». MSI : Votre souci d’offrir des albums et des concerts de qualité est manifeste et a été remarqué, entre autres, par les mélomanes et les audiophiles d’ici et d’ailleurs. Quelle est l’importance pour vous de cette qualité sonore et musicale ?

AB : Je suis et j’ai toujours été une grande amoureuse de la musique, et du son aussi ! Je sais que c’est plus rare chez les femmes, mais je suis devenu au fil des ans une audiophile moi-même ! À côtoyer Guy St-Onge et à jouer dans son magnifique studio, j’ai attrapé la piqûre ! ! !

MSI : Pourriez-vous nous parler de vos autres projets à venir ?

AB : Je projette de retourner à Las Vegas au CES l’an prochain pour y présenter mon nouvel album au public audiophile du monde entier, et je projette une tournée, ici et en France pour 2011-2012

MSI : Où vont vos goûts personnels en terme d’écoute de musique et d’artistes ?

AB : J’ai des choix plutôt éclectiques qui vont de Sting à Daniel Lanois, en passant par Kate Bush, Nnenna Freelon, Peggy Lee… et bien sûr je suis une fan finie de Bill Evans et de Keith Jarrett ! J’écoute aussi beaucoup de musique classique, autant vocale qu’instrumentale.

MSI : En terminant, si vous aviez un conseil à donner aux artistes de la relève qui souhaitent aborder le jazz en formule trio, quel serait-il ?

AB : La formule trio est selon moi la meilleure façon de développer son style tout en continuant d’évoluer comme musicien. C’est un laboratoire infini de couleurs et de textures, et quand on a trouvé son style, son « son », on peut toujours se gâter et y ajouter un peu de velours, avec des cordes par exemple. Toutefois, une interprétation qui touche et qui va droit au cœur passe souvent par la simplicité et le raffinement d’un trio solidement ficelé où complicité et musicalité rythment avec excellence et imagination ! Faire plus avec peu, c’est ce qui selon moi caractérise les grands musiciens et chanteurs de jazz de ce monde !

Merci du temps accordé à cet entretien et le meilleur des succès dans vos projets ainsi qu’a votre nouvel album Portraits & Perfumes.